Le juge prononça ma lourde peine de prison.
A ce moment, des policiers sortirent des entrailles du palais de justice de Bruxelles par une immense porte capitonnée. Tels des danseurs dans un ballet tragique, ils traversèrent la salle aux murs ornés de boiseries sombres du XIX° siècle. Le parquet grinçait à chacun de leurs pas comme les planches d’un théâtre sous les sauts des saltimbanques. Les magistrats ne tombaient point leurs masques de nô.
De cette tragédie, j’en étais l’auteur.
Ce jugement fut une fracture.
Un basculement d’un état à un autre.
Un arrêt dans le temps.
La fin de tout, le début d’autre chose.
A l’image de ce monstre de palais de justice, je tombais en ruine.
Il était temps de m’assainir ; me démonter pour mieux me reconstruire.
Comme ce palais, mes architectes ont tout fait pour que je sois grand et beau.
Comme ce palais, je suis devenu laid.
Ils ont vu grand, mes architectes.
Ils sont tombés de haut.
Ils s’emparèrent de moi, les danseurs des ténèbres. Les cliquetis des menottes rompirent le silence grave de l’assemblée. Ils me précipitèrent dans les tréfonds du grand palais par un escalier dérobé, d’un autre temps. Dans les bas-fonds, le salpêtre crachait le plafonnage qui se retrouvait, craquant, sous nos pas. Des gouttes d’eaux tombant du plafond jouaient du xylophone sur le carrelage branlant. Ça faisait de la musique, sous le palais, mais personne ne dansait, personne ne chantait. Sur des étagères, des milliers de dossiers bravaient l’humidité en se serrant les fardes.
Au bout de cette traversée farfelue, des cages, formant le périmètre d’un espace cylindrique d’une dizaine de mètres de diamètre et d’une hauteur de vingt mètres, parquaient des dizaines de prévenus, cent peut être, dans un brouhaha assourdissant.
Je passai sept heures dans une de ces cages à attendre mon départ vers la prison.
Nous étions huit détenus à prendre place dans un fourgon sécurisé, dans d’autres cages, en plexiglas cette fois, un peu plus larges que des épaules, à peine assez profondes pour y placer les genoux.
Le monstre ouvrit sa grande gueule et nous éjecta, sirènes et gyrophares allumés. La Grande Roue de la Place Poelaert nous fit sa révérence et la dense circulation s’écarta face à la priorité de notre convoi.
Vingt minutes plus tard, nous arrivions à la prison de Saint-Gilles. Je pensais rester dans le fourgon pour reprendre la route en direction de la prison où j’avais passé une partie de ma détention préventive, mais sans pouvoir me donner d’explication, les policiers m’affirmèrent que c’était bien le terminus.
Leur mission s’arrêta au Greffe de la vieille prison bruxelloise qui n’en savait pas plus sur les raisons de mon intégration en leur établissement.
Un agent pénitentiaire m’emmena au vestiaire. Je dus me déshabiller, prendre une douche et enfiler la tenue pénale. Mes vêtements civils resteront dans les objets prohibés jusqu’à ce que je ressorte un jour.
Nous habiller en tenue pénale fait partie du processus de mise à l’écart de la société et de la civilité.
La tenue pénale brouille les codes des classes sociales. C’est une sorte de bonnet d’âne humiliant.
Elle est collective, remplie de surprises : Poches ou entrejambes trouées, boutons manquants, souillures persistantes, brûlures de cigarettes…
Habillé de ces guenilles, je ressemblais à l’Arc de Triomphe empaqueté, l’œuvre posthume de Christo, ou plutôt, une contrefaçon de leur œuvre que ce contrefacteur d’agent aurait pu nommer : L’arc-sans- triomphe-loqueteux.
Lassé par trente ans de service, il me demanda :
– Combien tu chausses ?
– 43
Il fouilla d’une main dans une caisse qui contenait des claquettes en mousse en vrac.
– J’ai plus de 43. Il me reste du 45, 46 ou 41.
– 41 alors…
J’enfilai les claquettes brutalisées par leurs précédents bourreaux ; plates comme deux crêpes, rafistolées avec des bouts de drap de lit. Le peu de fierté qui pouvait me rester se perdit dans mes loques froissées. A peine arrivé, la prison commençait déjà à me mâcher. J’appréhendais la déglutition, la suite et surtout la fin de la digestion.
Je pus passer un coup de téléphone de deux minutes. Je prévins mes parents qui attendaient de mes nouvelles depuis la matinée. En quelques secondes, ils vieillirent d’une décennie.
En mes enfants allait s’inscrire un traumatisme.
Les actes que j’ai commis m’amenèrent avec justice à mon incarcération. Injustement à la leur.
Mon incarcération et mes actes ont percé la ligne du temps de mon entourage marqué au fer rouge de la honte, imprégné de sidération.
Le chef me donna une bassine, une assiette plate, une assiette creuse, un bol, une tasse, des couverts, deux draps de lit, une couverture, un coupe-vent, une veste sans manche, une veste en polaire, un stylo à bille, quelques feuilles de papier, des enveloppes et un kit d’hygiène composé d’un gel douche, d’un rasoir jetable, de mousse à raser, d’une brosse à dents, d’un tube de dentifrice et d’un rouleau de papier toilette.
Une agente prit le relais:
– Suivez-moi, je vous amène à votre cellule.
J’avançai le menton posé sur mon paquet, une main pour relever mon pantalon à chaque enjambée. Nous nous enfoncions vers l’espace carcéral qui enfermait près de mille détenus. Le bruit se faisait de plus en plus présent, de plus en plus impressionnant ; un mélange de cris, de sirènes et du son métallique des verrouillages de portes. Tout était grand, tout était vilain.
Nous butâmes sur le portail de l’aile des détenus entrants où j’allais passer quinze jours d’observation avant d’être muté dans une autre aile. L’ouverture automatique actionnée par le centre se déclencha, donnant la cadence à mon rythme cardiaque. Ça cognait dans les portes des cellules, ça hurlait, ça insultait… Nous pénétrâmes dans l’aile ; longue de près de cinquante mètres, dressée sur trois étages, le plafond culminait à plus de trente mètres.
Je vis des gueules cassées et des corps tordus,
des bouches tabassées par l’héroïne,
des zombies imprégnés de benzodiazépine,
des peaux livides,
des âmes vides…
Je croisai des regards noirs à ne pas fixer.
Surtout, ne jamais fixer ces regards noirs…
Nous passâmes devant un portique de sécurité complètement détruit. Plus tard, j’apprendrai qu’un détenu s’y était écrasé en se jetant de la passerelle du deuxième étage pour mettre fin à ses jours.
L’Enfer est sur Terre.
L’agente ouvrit la cellule. Une cellule pour deux détenus. Maigres consolations : lI n’y avait encore personne et nous y serons que deux. – Ce qui n’est pas le cas dans certaines prisons belges où les détenus survivent à cinq ou sept dans une cellule ne pouvant accueillir que deux personnes – La crasse et la salubrité occupaient déjà les lieux. Une pellicule anthracite collante couvrait le sol, l’humidité bouffait les murs sur lesquels se lisaient la haine et l’ennui. C’était donc à cela que le stylo à bille servait… Le dentifrice s’utilisait au collage d’affiches plutôt qu’au brossage des dents. La pâte blanche durcie recouvrait les murs et les meubles. La porte d’une armoire s’agrippait à la seule charnière qui lui restait, une autre avait été trouée par un coup-de-poing, une étagère était carbonisée, sur les lits superposés se lamentaient deux matelas en décomposition, la cuvette du W.-C. pleurait sans arrêt, les fils électriques étaient orphelins de leurs prises, il n’y avait plus d’éclairage, pas de télévision, pas de radio et aucune possibilité d’avoir l’heure. Dans cette gadoue, deux cloisons neuves, rayonnantes, délimitaient l’espace des toilettes. Un soulagement ! Nous allions pouvoir faire nos besoins à l’abri des regards. Être assis sur la cuvette et déféquer à deux mètres l’un de l’autre demande de l’humilité et de la stratégie pour garder un semblant d’intimité quand la pièce de douze mètres carrés, qu’on ne peut quitter, fait office de salon, de salle à manger, de bureau, de chambre, de W.-C. et de salle de bain.
On partage tout dans une cellule, même ce qu’on n’a pas envie de partager. Des odeurs de corps aux blessures de l’âme.
– Il doit y avoir un seau, un balai, une raclette, une serpillière, une balayette et une ramassette, me dit machinalement l’agente.
– Non cheffe, il n’y a pas de serpillière, ni de raclette, ni de balayette.
Elle pesta : Je vais voir ce que je peux faire. Et déjà, elle referma la porte.
– Attendez ! Comment je dois faire pour avoir de l’éclairage et la télévision ? Et…
– On vous expliquera plus tard. Elle termina son geste, la porte métallique blindée se claqua et le système de fermeture résonna. J’eus presque le réflexe d’interposer mon pied afin de bloquer la porte et de lui promettre que je ne bougerais pas de la cellule, mais qu’elle laisse la porte ouverte. Conséquence de la perte de contrôle sur la liberté, sur le temps et sur l’espace.
La prochaine fois qu’elle viendra m’ouvrir, ce sera pour me donner une raclette et une serpillière. Mais quand ? Là, dans cinq minutes, peut-être ? Alors je pourrai reprendre ma respiration après cette apnée. Cinq minutes en apnée, c’est long.
Coincé sous la glace dans une eau vaseuse, j’attendais qu’on vienne me repêcher.
L’agente va arriver d’une minute à l’autre… Mais c’est quoi, une minute quand on n’a pas l’heure ? Je devrais peut-être décompter les minutes ? Mais combien de minutes ? Puisque je ne sais pas dans combien de temps elle va revenir.
Je restai face à la porte plusieurs minutes… Une heure ? Deux heures ? Puis, je m’assis sur le lit. Abasourdi, je regardai autour de moi ; toute cette saleté, la porte blindée et les murs griffés d’injures, la fenêtre avec les triples barreaux. Dehors, les rats et les corneilles se partageaient les immondices jetées par les fenêtres. Et le bruit. Beaucoup de bruits…
Je vais devoir passer plusieurs années là-dedans… Comment faire pour tenir le coup, pour ne pas sombrer dans la démence, pour ne pas devenir un zombie, pour ne pas me jeter du deuxième étage… pour rester debout ?
Le son d’un tour de clef me redressa comme un chien heureux d’entendre son maître rentrer à la maison après une journée d’absence. La porte s’ouvrit enfin. C’était une autre agente et l’arrivant qui allait partager la cellule avec moi pendant ces quinze jours.
– Bonjour cheffe. Avez-vous la raclette et la serpillière que j’ai demandées à votre collègue tout à l’heure, s’il vous plaît ?
– Je ne suis pas au courant et ma collègue n’est plus en service.
Mon colocataire passa à peine le seuil qu’elle rabattit le blindage.
– Vous pouvez nous en procurer, s’il vous plaît ?
– Je vais voir…
– Comment fait-on pour nettoyer, alors ?
Elle souffla par le nez : Je vais essayer d’en trouver.
La porte se referma tout aussi brutalement que je me sentais traité. Je n’avais pourtant pas été agressif et je restais poli. Je ne demandais que des choses simples auxquelles j’avais droit. Parlions-nous la même langue ? Etait-ce cela, la punition ? Traiter le délit ou le crime par la maltraitance ? Faire justice par l’injustice ? Certains agents savent-ils pourquoi ils ont choisi de faire ce métier ? Pourquoi sont-ils contre le système tout autant que les détenus ? Pourquoi n’y a-t-il pas de dialogue entre les différents acteurs de la justice pour en arriver au point d’être injuste dans un milieu qui est censé nous faire devenir plus juste ? Ne serait ce pas une question d’égo ?
Quelques heures plus tard, l’agente nous apporta enfin une raclette mais pas de serpillière.
Malgré les envois de plusieurs bons de réparations aux services concernés, nous avons passé quinze jours, enfermés vingt-trois heures sur vingt-quatre, sans éclairage, sans télévision, sans radio, sans avoir l’heure. Avec une seule chaise pour deux, je prenais mes repas assis sur mon lit. Mes demandes pour recevoir une deuxième chaise se soldaient par : On n’a pas d’autres chaises. Les lattes des sommiers nous marquaient le dos et des miettes de matelas me tombaient dessus à chaque fois que mon duo remuait sur le lit du haut.
Nous prenions nos repères grâce au lever et au coucher du Soleil et aux trois ouvertures journalières des portes pour la distribution des repas. Dans ces conditions, l’heure de sortie au préau ressemblait à une balade dans les Vosges, les détritus qui jonchaient le sol : des tapis de fleurs, les cris : des bourdonnements d’abeilles, les lambeaux de draps qui pendaient aux fenêtres des cellules : des chutes de neige, la douche hebdomadaire : un délassement en station thermale.
Quelques mois plus tard, mes conditions de détention s’étaient améliorées, malgré une période COVID et les grèves des agents pénitentiaires qui nous clouèrent en cellule pendant dix-huit jours d’affilée.
Les portes des cellules ne s’ouvraient que pour la distribution des repas et pas question d’y passer un orteil. Dix-huit jours sans en sortir. Dix-huit jours sans préau. Dix-huit jours sans prendre de douche.
Quand il n’y avait pas de grève, je travaillais au service technique. J’étais hors de la cellule tous les jours, et surtout, je me sentais à nouveau utile, d’autant plus que mes compétences dans les métiers de la construction et ma régularité sans faille attirèrent la reconnaissance de mes chefs d’atelier.
Nous étions une poignée de détenus motivés et compétents pour le travail ; des perles rares dans ce microcosme. L’allure de travail en prison n’est pas à comparer avec celle de la vie civile. Nous restions des heures, parfois des journées entières dans les ateliers à attendre que les chefs nous demandent d’intervenir alors qu’il y avait tant de choses à faire dans tous les bâtiments.
Un détenu électricien fit un inventaire du matériel disponible, un autre fit de même pour le carrelage et moi, je quantifiai un stock de peinture d’une valeur de plusieurs milliers d’euros qui attendait depuis dix ans dans une cave. Il y en avait assez pour peindre des dizaines de cellules et des bureaux, et suffisamment de matériel électrique pour remplacer des luminaires et régler différentes pannes dans toute la prison. Quand l’agent affecté aux travaux électriques recevait un bon de réparation pour intervenir dans une cellule, il posait le document sur une pile de demandes non traitées. Ils attendront ! disait-il. Je compris alors, pourquoi nous avions attendu quinze jours dans cette cellule insalubre sans voir de réparateur.
A force d’insister auprès de nos chefs, avec suffisamment de tact et de patience afin de ne pas brusquer leurs habitudes lymphatiques, notre rythme de travail augmenta considérablement. Nous intervenions tous les jours aux quatre coins de la prison.
Six mois après mon arrivée, nous changions le luminaire et les prises de courant dans la cellule miteuse que j’avais occupée. Dans une pièce qui servait de fourre-tout, au sein de cette même aile des arrivants, dans un coin, il y avait des chaises…
En cinq années de détention, j’ai fréquenté trois prisons. La troisième devait être plus calme. C’est pourtant dans celle-là que cinq détenus me tabassèrent. Pas des petits gabarits. Ils devaient avoir drôlement peur de moi pour s’y mettre à plusieurs. Ma gueule ne leur revenait pas. Une gueule de flic selon eux. Puisque j’avais une gueule de flic, c’est que je devais vraiment être un flic, selon eux. Alors, ils se sont bien organisés, ils m’ont encerclé par surprise, ils m’ont fait tomber et ils ont frappé à coups de pieds, partout où ils pouvaient, puis d’autres sont venus jouer un peu aussi, sans savoir pourquoi les premiers me cognaient, sans savoir qui j’étais vraiment ; juste comme ça. Quand ils se sont éparpillés, je me suis relevé avec, seulement, l’arcade touchée. Ils n’en croyaient pas leurs yeux. J’avais gagné leur respect, c’est ainsi en prison.
Un de mes architectes s’est éteint. Mon père luttait depuis trois ans contre le cancer. Je n’ai pas pu être auprès de lui et ma famille pour ses dernières heures sur cette Terre. J’ai quand même eu la chance de pouvoir assister à ses obsèques. Mais je me suis retrouvé devant un cercueil fermé à l’entrée du four crématoire, prêt pour le voyage éternel. Autour de moi, les connaissances et la famille revoyaient le fils aîné et découvraient le détenu. En pleurs, sous leurs regards, j’aperçus mon fils pour la première fois après deux ans d’incarcération. Depuis mon arrestation, blessé, il avait rompu le lien qui nous unissait. Nous nous retrouvâmes, là, dans la même pièce, en face à face, séparés par le cercueil où reposait mon père. Avant, nous partagions beaucoup de bons moments, mon fils et moi. Je me souviens de ses fancy-fairs, de nos tours en carrousel, de nos moments théâtraux, de nos restos en tête à tête, de nos courses-poursuites après la camionnette du glacier, de nos séances de cinéma, de nos balades…
Cet instant de recueillement ne nous a pas réuni. Dans cette pièce funéraire, deux pères étaient morts. Deux semaines avant les funérailles, mes parents me visitaient à la prison. Ma mère avait les traits tirés ; elle subissait la maladie avec lui. A l’entrée, une agente venait de lui demander d’enlever son soutien-gorge parce que ses baleines faisaient sonner le portique de sécurité. Lui, il était là, le teint gris, il souriait face à la douleur. C’était la dernière fois que je le voyais.
Au début de mon incarcération, mon fils vivait l’adolescence et ma fille se nourrissait du lait maternel. Il a traversé cette période difficile et a réussi ses études secondaires. Aujourd’hui, il étudie à l’université. Elle, commence à écrire son prénom et à exprimer ses émotions. Je suis fier d’eux. Ma plus grande douleur est de ne plus être tous les jours à leurs côtés pour les voir grandir.
Assis sur mon lit, ce premier jour dans l’enfer carcéral, je me disais que je ne tiendrais pas le coup.
Je dus me raisonner. Il était hors de question, qu’un jour, je ressorte détruit de cet endroit et que tout cela ne serve à rien. Je pensai alors à mes enfants. Je pensai à Nelson Mandela qui fit près de trente ans de prison et qui en sortit plus fort. Je pensai aux enfants malades, prisonniers de leur maladie et de leur lit d’hôpital, à ceux qui meurent de faim et à ceux qui subissent la guerre. Je pensai aux personnes que j’ai blessées et qui attendaient de moi que je paie et que j’assume. Moi, j’ai fauté pour être là où je suis. Ma peine est juste. Je suis à ma place. Il fallu que j’accepte ma situation et que je reconnaisse mes actes. Profiter de la détention pour prendre le temps de penser aux conséquences. Prendre le temps de me reconstruire, de me comprendre, de me structurer. Même si le milieu carcéral n’aide pas à cela, même s’il est parfois injuste, même s’il est rude, la détention fracture le temps pour laisser la place à la réflexion nécessaire afin de changer.
Pendant ces cinq années, j’ai progressé. J’ai progressé parce que je l’ai voulu et parce que j’ai tout fait pour. Je ne veux pas devenir un saint. Je veux juste être un homme; un homme juste. De justiciable à juste. Être quelqu’un de bien. Etre au plus près de mes vraies valeurs. J’ai de belles valeurs. Je me suis éparpillé, j’ai blessé. Malheureusement, je ne peux revenir dans le passé. Si seulement je pouvais revenir dans le passé. Je ne peux qu’en tirer les leçons, apprendre à vivre avec et à ne plus commettre les mêmes erreurs. Parce que j’aime vivre. Parce que je suis un fils, parce que je suis un père, parce que je suis un homme, malgré la douleur, je reste debout.
Chris Féri
