







Traduction :
P.1
Quatre années et demi en prison, sans personne en Belgique qui vienne me rendre visite…
Mon avocate avait demandé une permission de sortie ou une résidence temporaire pour continuer à effectuer ma peine avec un bracelet … voici la réponse
p.2
On m’a fait monter dans un avion en direction de la République dominicaine, le pays où je suis née. Mais pas le pays qui m’a vue grandir.
Sur tout le trajet du voyage, je ne ressentais rien, ni peur, ni bonheur. Je bougeais juste comme je devais bouger, sans voir sur les côtés.
p.3
de gauche à droite
J’ai des cousins et des oncles qui attendaient mon arrivée… est-ce qu’il seront sympathiques, est-ce qu’ils se souviendront de moi ? et moi d’eux ?
Ils se souvenaient tous de moi. Je me sens à présent mal de ne pas les avoir appelés plus tôt.
Au bout de quelques jours, je vois leur quotidien … ils commencent leur travail avant le lever du soleil.
Ma tante, en quoi puis-je t’aider ?
Tranquille ma chou, nous avons presque fini
Mes tantes ne me laissaient rien faire pour elles, elles ne partageaient aucune tâche domestique et cela me donnait l’impression d’être inutile.
p.4
Je pensais chercher du travail, mais si tu as une profession universitaire, tu ne pourras gagner que le minimum pour manger … Ou alors tu devras avoir de la chance pour réussir sans études.
J’étais serveuse en Europe, je gagnais 10 euros de l’heure, j’avais ma voiture, je pouvais payer mes frais tranquillement, les boulots que je trouvais sur Internet me déprimaient … avec si peu, ce serait impossible de quitter la maison de mes oncles.
Ma famille qui est restée en Europe n’avait jamais cessé de m’aider économiquement, ils m’envoient de l’argent pour mes dépenses et celles de ma tante. De mon côté, je cherchais sans arrêt un travail qui me permettrait de vivre bien. Mais c’est impossible dans un pays où plus de 80 pourcents de la population vit avec le minimum pour se nourrir.
Pour ma tante, c’était difficile de me voir tous les joursz comme ça.
Elle se sentait impuissante de ne pas pouvoir m’aider à avoir cette indépendance …dont j’avais tant besoin.
P.5
Un après-midi, ma tante m’a retrouvée en pleurs, elle ne me demandait jamais les raisons de mes longs soupirs et de mes larmes vagues. Elle se contente de me prendre dans ses bras et de me répéter : tu vas réussir, tu le peux. Elle pensait que je pourrais réussir ou du moins vivre comme auparavant.
Je me suis calmée et j’ai décidé d’arrêter de pleurer et de me lamenter, mes tantes ont réuni mes cousins pour faire un grand repas en famille… A ma grande surprise, certains d’entre eux travaillaient dans des lieux où le diplôme n’est pas requis, et sont très bien payés comme le travail dans des grands hôtels, des aéroports, etc …
Mais non … aucun de ces métiers ne m’emballait. mais eux, mes cousins les plus petits étaient plein d’énergie, incontrôlables. `
Le repas que mes tantes avaient mis tant d’efforts à préparer pendant des heures, mes petits cousins l’ont détruite en quelques minutes.
p.6
Ce fut ce jour-là, le jour du repas, lorsque les enfants ont tout fichu en l’air, que m’est venue l’idée … Tandis qu’ils me demandaient à quel travail j’avais postulé, je me suis dit que je me rendrais utile à cet endroit-même. Pour aider mes oncles et mes amis voisins … eux rentraient de dures et longues heures de travail, et les tremblements de terre à la maison, après être rentrés de l’école, n’avaient pas d’endroit sûr et surveillé où passer leur temps.
J’ai demandé à ma tante la permission de me prêter sa terrasse tous les après-midi pour réunir les enfants et faire des activités créatives… Ma vie en Europe m’avait appris beaucoup de petites choses que l’on peut faire avec des bouts de ficelle. Ma tante était d’accord à 100 pourcents.
Tout s’est passé si vite que j’ai dû demander aux enfants de venir avec leurs chaises car je n’en avais plus pour les accueillir. Ma famille en Europe trouvait mon oeuvre super chouette et ont décidé de m’aider pour acheter du matériel, de la peinture etc… mes soeurs en Europe ont créé un site web et ont publié ce que je faisais. J’ai reçu des cadeaux de partout.Ils arrivaient sans arrêt, ce qui avait débuté comme un jeu a commencé à se transformer en travail.
J’ai construit une salle et je l’ai meublée avec tous les dons des personnes qui aimaient ce que je faisais et je l’ai appelé “Centre créatif Construire”. J’y recevais les enfants des villages voisins, qui venaient après l’école. Ils s’aidaient entre eux à faire leurs devoirs pour l’école, ils révisaient ensemble, créaient des choses ensemble … ils inventaient … plusieurs postes m’avaient été proposés mais je les ai rejetés, j’étais impliquée dans ce projet avec mon village et l’arrêter aurait été un cauchemar … il y avait beaucoup de gens qui soutenaient ce projet … Tous ceux qui aidaient voulaient voir les têtes pleines de joie des enfants.
La nouvelle est devenue virale à travers tout le pays. Le gouvernement de mon état est venu sur place et a offert un local de deux étages plus une camionnette pour aller chercher les enfants qui avaient des difficultés de se déplacer et m’a reconnue et m’a fait travailler pour eux. C’est ainsi que mon centre de créativité construire est devenu une partie de la ville. Centre gratuit payé à 100 pourcents par le gouvernement … du pays…
Tout est possible ; tu es ton seul obstacle.
