La richesse du sol d’un pays est la propriété souveraine de son peuple. Au Congo on dit que la richesse de la terre est inépuisable, car elle recèle nombre et diverses ressources, les mines d’or et diamant à ciel ouvert, le coltan et le zinc près des faubourgs, sans citer tout le reste.
Pourtant les miens pataugent encore dans la mare, débrouillards pour la plupart, avec comme seule issue le charbon.
Tout en bas de l’échelle sociale, ce monde leur laisse si peu de place. Combien de fois j’ai entendu dire que les portables étaient la cause de tant de mort à l’Est du Congo, car le cobalt extrait est un élément clé pour sa fabrication et son fonctionnement.
Devrais-je m’en priver pour que les miens survivent, doit-on considérer la richesse comme une malédiction, les conflits armés camouflent frauduleusement toute richesse extraite, la guerre est une entreprise hypocrite mais la question est qui s’enrichit derrière la famille et la mort d’autrui.
Au soleil du Congo où richesse exploitée coule à flot, des hommes à l’allure bridés et peu bavards raccourcissent le trajet entre ici et là-bas, dans l’unique but de piller nos biens en sourdine, et tout ça se passe par des voies souterraines bien sûr aux yeux et au nez de tous, dénoncer cela serait comme crier au grand méchant loup alors qu’il n’y a aucun brouillard.
J’accuse les politiciens véreux, les fonctionnaires corrompus et les élites de fermer les yeux et de détourner le regard tant que leurs assiettes sont pleines, croulant sous les fourrures en velours et des pierres précieuses, j’accuse les autorités de mon pays de se rendre complices de l’impunité et de la corruption qui gangrène toute la cité des trois fleuves.
Le territoire tout entier plonge dans l’instabilité, chaque jour émerge de nouveaux groupes armés venus parfois de pays voisins, depuis des décennies mon peuple subit un génocide par procuration.
Déplacées des familles entières dorment à même le sol, ici on achète comme cadeau de Noël des IPHONES à nos enfants de dix ans, chez moi les enfants de dix ans tiennent une Kalash en main, d’autres ont vus leurs mères se faire violer devant leurs yeux, pendant que leurs pères se faisaient égorger à l’aide d’une machette, l’odeur est âcre.
Des scènes de sauvageries et d’épouvantes, des villages réduits en poussière, mais quelle folie pousse les hommes dans une telle frénésie meurtrière, comment peut-on détourner le regard de l’horreur qui les accable, leurs silences hurlent si fort, des enfants arrachés aux bras de leur mère deviennent les enfants soldats (Kadogos)
Ils perpétuent des massacres, ne laissent derrière eux que désolation.
Sans autre perspective que la mort, des corps gisants dans un charnier non loin du village, comme un marin rescapé d’un naufrage, seul l’exile nous rapproche ; la vérité est cruelle et l’homme a le cœur sec.
On a oublié le sang de nos ancêtres versé en abondance pour le simple droit d’être, et même si certaines choses évoluent peu à peu, j’estime qu’on a toujours pas retiré nos chaines, après l’esclavage et la colonisation, voici venu le temps de l’hypocrisie d’état, il me faudrait plus d’une ligne pour énumérer le constat.
Le climat se dégrade à vue d’œil, alors que les multinationales continuent à s’enrichir sans vergogne, puisant toute ressource naturelle, des forets entières sont calcinées, on exploite abusivement des matières premières tout en sachant pertinemment que tout a un début et une fin.
Que les hommes se disent ; est-ce que ma manière de vivre cause une brèche sur l’autre rive.
La guerre ne cessera seulement lorsque l’homme se mettra d’accord pour le prix à payer, il faudra consentir à un nouveau départ, car un nouvel ordre mondial prend souffle, hélas je crois que le changement pousse certaines forces à décliner l’offre, une voix me dit que ce qui nous attend pourrait nous glacer le sang.
J’ai pas l’audace requise pour prétendre prendre parti, mais leur monopole touche à son terme.
L’histoire ne nous dit pas que si Napoléon fut un grand soldat c’est parce que le marché ne lui plaisait pas, alors il conquit pour ne rien devoir. Ce que je m’apprête à vous dire pourrait paraitre naïf, mais au lieu de détruire, on devrait tous construire…
