Adieu chère mère

Yemma, ce n’est pas moi qui ai choisi
Yemma, ce n’est pas moi qui ai trahi
Yemma, ce n’est pas moi qui suis parti
Je me suis juste retrouvé piégé

Je me suis retrouvé dans la rue, petit et méprisé
J’ai perdu mes bien aimés, ma vie
Et j’ai du mal à le réaliser

Il est une question à laquelle je n’ai pas trouvé de réponse
Est-ce ma faute, celles de mes parents ou de ma fratrie ? Celle de mes amis ?

Aujourd’hui, tout m’est égal
Parce que je suis le coupable
Et c’est moi qui vis dans la tristesse

Quant au reste,
Tout le monde accuse et juge à tout va

Même mon Seigneur, ils l’ont noirci à mes yeux

Ne suis-je né que pour souffrir ?
Même si mon rêve est de voir tout le monde heureux ?

Yemma, pardonne-moi pour ces mots
C’est la seule parole qu’il me reste

Yemma, pardonne-moi car je n’ai pas pu être comme tout le monde

Je sais, Yemma, que mon absence t’empêche de dormir
À part toi, maman, peu m’importe qui pleure pour moi
Et même si tout le monde le faisait, leurs larmes seraient sans couleur

Tu t’es éloignée de mon père, de ta fratrie et de tes voisins
Pour que moi, je sois heureux

Pardonne-moi Yemma, j’espérais que les larmes de tristesse deviennent des larmes de joie

Yemma, ensuite Yemma, ensuite Yemma, 1

La meilleure femme de la création.

Mounir Renbouk

Texte reçu écrit en arabe et traduit par Najat Benouja (relecture Christine Defoin).

1 « Ta mère, ensuite ta mère, ensuite ta mère » est une expression connue dans la communauté musulmane qui renvoi à un dialogue entre le prophète et un homme venu lui poser une question : https://hadeethenc.com/fr/browse/hadith/4182 .  L’écrivain y fait sans doute référence pour appuyer qu’il signifie à sa maman qu’elle est la meilleure personne à ses yeux.