Et si… j’étais un éléphant… 

Et si j’étais un animal,
serais-je un poisson ?
Ou aurais-je la tête 
hors de l’eau
avec une gueule 
aussi féroce
que l’hippopotame ?

Le crocodile me dites-vous ? 
Le pourquoi est ma question.
Je n’ai pourtant 
que 26 ans,
me comparer à un si vieil animal 
est pour moi
un sujet fâchant.

L’éléphant,
en revanche,
me correspondrait mieux.
Pas pour sa mémoire 
presque inégalable 
ni pour
son incomparable intelligence, 
mais pour sa fine peau
aussi fragile 
que difficilement
perforable.

Les prédateurs
sont en quête de nourriture 
mais
je ne marche pas seul.

A la moindre attaque, 
les petits
sont protégés. 
Je me dresserai 
sur deux pattes
pour repousser le danger.

Comme un homme âgé 
ma vue est médiocre
depuis mon plus jeune âge, 
par contre,
mon ouïe 
est excellente.

J’entends tellement bien 
que parfois,
je verse une larme 
pour les animaux 
d’une autre espèce
que je n’ai pas pu sauver 
des attaques carnivoresques.

L’aventure est longue 
mais
les journées sont courtes.
Je passe mon temps 
à manger la verdure 
sur mon chemin,
en me dirigeant jusqu’au point d’eau 

ma famille et moi 
irons jouer.

Ma trompe 
poussa
pendant de nombreuses nuits, 
comme les cheveux
poussent
sur le crâne d’un être humain.

Petit,
ma mère perdit sa liberté 
des savanes africaines.
Les chasseurs et les braconniers 
me l’ont prise,
mais
elle ne marche pas seule.
Son destin
en tant que sage de la savane 
lui est maintenant retiré.
A présent, 
son futur 
appartient
à celui d’une bête de foire. 
J’ai cherché à comprendre 
pourquoi l’Homme
est ainsi.
Mais ce mystère
m’est toujours incompréhensible.
Le sort de sa liberté 
ne lui appartient plus.
Elle est fouettée
au moindre désobéissement.

C’est dans la douleur 
qu’elle plaît
à la stupeur 
du public.
Elle est malheureuse, 
et pourtant
elle ne mérite pas cela. 
C’est d’un comportement 
bien ordonné
qu’elle se conduit.

Le lion est si docile,
il se laisse facilement habiller 
contrairement au tigre blanc.
Je vous raconte ça 
car vous,
les souris,
tant que vous avez de quoi manger
vos oreilles
sont attentives.

Vous m’excuserez 
mais
le tour de mon spectacle 
est proche.
Je le sais.
Car
celui de ma mère vient de se terminer.

21.01.2021

Cédrick Marsan