« Lettre à monsieur le juge »

Monsieur le juge,
Je vous mentirais si je vous disais que j’ai réfléchi
Ce que j’avais fait était-il illicite ou permis
Ou est-ce que je ne pensais qu’à l’argent ?

Me tenir devant vous n’est que fuite du temps qui s’écoule et qui ne veut point faire preuve de clémence

Ma vie est pareille à un train pour lequel chaque station pèse une tonne !

Je suis venu vers vous, car c’est la dernière opportunité qu’il me reste
Et vous savez qu’un enfant raisonne peu, ne calcule pas, en particulier s’il est avec des amis.

Monsieur le juge, je suis emprisonné
Depuis… bien avant que je ne sois insensé
Cela remonte même à avant que je ne sache qui je suis

Rares sont ceux qui peuvent me comprendre dans cet univers
Même si vous me donniez tout l’argent du monde, demain, je resterais toujours contraint, vaincu

Monsieur le juge,
Votre jugement était dur, sorti de votre langue comme d’une épée rouillée

J’ai gâché 37 ans de ma vie à fuir celle-ci
Et satisfait de mes tristesses

Monsieur le juge,
Vous avez décidé de mon exécution

En réalité, je ne suis moi-même né que par exécution

Même la mort ne se veut pas clémente avec moi
Monsieur le juge, m’ouvririez-vous, demain, une autre porte que celle d’une prison ?

Je ne veux pas de votre réponse habituelle
Juste des larmes et de la tristesse

Monsieur le juge, je viens à vous, plaignant
Il reste encore un peu de temps…
Avant que mon cœur ne s’habille de noir
Car demain, ça y est, j’aurai perdu.

Mounir Renbouk

Texte reçu écrit en arabe et traduit par Najat Benouja (relecture Christine Defoin).