Un jour…
Que peut-on dire d’un jour…
Il y en a tellement.
Et d’ici au jour
Qu’on me lise
Il y aura tant
D’autres jours
Et jours encore
Qui auront passé.
Et puis quand on y pense
Sur un jour, ou en un jour
Il se passe tant de choses
Sur lesquelles on pourrait
Mettre à jour plein de choses,
Ainsi que faire le tour d’une horloge.
Depuis que je suis puni
De jour en jour
Je regarde la vie
S’écouler au travers
Des travers de la fenêtre
Couverte de barreaux.
Ainsi je vois quand-même
Les jours et les nuits
Se suivre lentement
Dans la monotonie
De ma cellule,
Mon cercueil de vie
Qui déprime
De ses murs nus
Et restreints en lumière.
Je m’y abandonne
Pour moins subir
La détention qui plombe
Et met à genoux
L’homme et la femme
Dans la galère des reclus.
Si un jour on m’avait dit
Que j’allais vivre ceci :
J’en aurais ri. Ooh oui !
Et pourtant me voici ici,
Depuis des jours isolé
De la vie sociale,
Et privé pas que
De la liberté.
Vous voyez que l’impossible
Est justement une possibilité
Du possible ajourné.
Un jour viendra.
Un jour sera le jour
Tant souhaité, tant espéré :
Le jour d’être libéré.
La dette à la société,
Elle sera ce jour-là payée.
Et le chemin de vie
Pourra continuer ailleurs,
Le mieux possible,
Vivre chaque jour
Dans sa liberté d’être.
Les jours sont uniques.
Jamais identiques
Dans le diurne
Ou le nocturne
De leurs natures.
Chacun a sa parure,
Son empreinte digitale
Son art de se vivre.
Leurs heures à parcourir
Sont leur seule certitude
Et notre humble servitude
D’être quelque part
Les esclaves de leurs temps.
Un jour vient, un autre s’en va
Et moi dans tout ça,
Je poursuis
Le trafic des heures
Qui se suivent inlassablement
En essayant de garder
Un tant soit peu
La tête au plus haut
Au-dessus des eaux
Dans la rivière
De ma vie.
Je talonne le temps
Qui me harcèle
Tant, tout le temps
Pour former un jour
Et nuit incluse.
En parallèle je vis
Ma vie réglée
Comme une horloge
Hors des temps
Du jour présent.
Il s’est levé
Comme les autres
Et pourtant
Il n’était pas
Comme les autres :
Il était unique
Dans sa vie.
Et son contenu
De jour
Comme de nuit
Avait un goût
Pas comme les autres
Parce qu’il était.
On ne pouvait pas l’appeler demain
Car il n’était qu’à jour aujourd’hui.
Après il ne serait plus que souvenir
D’un passé bien révolu pour tous.
Il aura fait son temps déjà
Bien avant le minuit de sa nuit.
Ainsi était et allait la vie d’un jour.
Et jours de jour
Et nuits de jour
Vont et viennent
Nous emportant
Dans leurs heures
Comme des fleurs
Tandis qu’on flétrit.
Le jour lui renaît,
Vit sa vie et meurt.
Renaît et meurt.
Renaît et meurt.
En nous entraînant
Vers notre mort.
M.B de Saint-Hubert