Recueil de 10 poèmes “un jour”

Un jour…

Que peut-on dire d’un jour…

Il y en a tellement.

Et d’ici au jour 

Qu’on me lise

Il y aura tant

D’autres jours

Et jours encore

Qui auront passé.

Et puis quand on y pense

Sur un jour, ou en un jour

Il se passe tant de choses 

Sur lesquelles on pourrait

Mettre à jour plein de choses,

Ainsi que faire le tour d’une horloge.

Depuis que je suis puni

De jour en jour

Je regarde la vie

S’écouler au travers 

Des travers de la fenêtre

Couverte de barreaux.

Ainsi je vois quand-même

Les jours et les nuits

Se suivre lentement

Dans la monotonie

De ma cellule,

Mon cercueil de vie

Qui déprime

De ses murs nus

Et restreints en lumière.

Je m’y abandonne

Pour moins subir

La détention qui plombe

Et met à genoux

L’homme et la femme

Dans la galère des reclus.

Si un jour on m’avait dit

Que j’allais vivre ceci :

J’en aurais ri. Ooh oui !

Et pourtant me voici ici,

Depuis des jours isolé

De la vie sociale,

Et privé pas que 

De la liberté.

Vous voyez que l’impossible 

Est justement une possibilité

Du possible ajourné.

Un jour viendra.

Un jour sera le jour

Tant souhaité, tant espéré : 

Le jour d’être libéré.

La dette à la société,

Elle sera ce jour-là payée.

Et le chemin de vie

Pourra continuer ailleurs, 

Le mieux possible,

Vivre chaque jour

Dans sa liberté d’être.

Les jours sont uniques.

Jamais identiques

Dans le diurne 

Ou le nocturne

De leurs natures.

Chacun a sa parure,

Son empreinte digitale

Son art de se vivre.

Leurs heures à parcourir

Sont leur seule certitude

Et notre humble servitude

D’être quelque part

Les esclaves de leurs temps.

Un jour vient, un autre s’en va

Et moi dans tout ça,

Je poursuis

Le trafic des heures

Qui se suivent inlassablement

En essayant de garder

Un tant soit peu

La tête au plus haut

Au-dessus des eaux

Dans la rivière 

De ma vie.

Je talonne le temps

Qui me harcèle

Tant, tout le temps

Pour former un jour

Et nuit incluse.

En parallèle je vis

Ma vie réglée

Comme une horloge

Hors des temps

Du jour présent.

Il s’est levé

Comme les autres

Et pourtant

Il n’était pas

Comme les autres :

Il était unique

Dans sa vie.

Et son contenu

De jour

Comme de nuit

Avait un goût

Pas comme les autres

Parce qu’il était.

On ne pouvait pas l’appeler demain

Car il n’était qu’à jour aujourd’hui.

Après il ne serait plus que souvenir

D’un passé bien révolu pour tous.

Il aura fait son temps déjà

Bien avant le minuit de sa nuit.

Ainsi était et allait la vie d’un jour.

Et jours de jour

Et nuits de jour

Vont et viennent

Nous emportant

Dans leurs heures

Comme des fleurs

Tandis qu’on flétrit.

Le jour lui renaît,

Vit sa vie et meurt.

Renaît et meurt.

Renaît et meurt. 

En nous entraînant 

Vers notre mort.

M.B de Saint-Hubert